Comment la technologie donne de nouvelles armes aux escrocs

Des fausses publicités aux deepfakes et aux chatbots IA : la technologie offre aux fraudeurs des outils de plus en plus sophistiqués. La fraude à l’investissement se déplace rapidement vers le domaine digital, où de fausses plateformes et des algorithmes intelligents ciblent des victimes sans méfiance. Entretien avec Jef De Busser, expert en contenu et en IA, sur la manière dont l’IA peut être utilisée pour tromper les gens.

Les appâts : les réseaux sociaux et les publicités

Les fraudeurs utilisent les réseaux sociaux comme porte d’entrée. Grâce à des publicités sponsorisées et de faux articles, ils touchent des milliers de personnes. Grâce à un microciblage sophistiqué, ils jouent sur l’âge, les intérêts et la situation financière. Ceux qui cliquent se retrouvent souvent sur des sites d’apparence professionnelle ou dans de faux groupes WhatsApp qui respirent l’exclusivité.

« Je travaille quotidiennement avec l’IA générative », explique Jef De Busser. « Elle permet de faire un travail fiable et de qualité si vous savez ce que vous faites. Mais ces mêmes outils facilitent plus que jamais la tromperie des gens, à grande échelle et avec conviction. Ce n’est plus une théorie, c’est une réalité. Le tandem des réseaux sociaux (distribution) et de l’IA (création) réunit tous les ingrédients d’une tempête parfaite dans ce domaine. »

La tentation : les deepfakes et les fausses célébrités

Une nouvelle tendance consiste à utiliser des vidéos deepfake. Des personnalités belges, des PDG ou des journalistes sont manipulés digitalement pour vanter les mérites d’investissements. Grâce à l’IA, les photos, les vidéos et même les livestreams sont de plus en plus réalistes. « Nous passons d’une période où l’on ne pouvait plus croire tout ce que l’on lisait en ligne à une période où l’on ne peut plus croire tout ce que l’on voit. »

L’interaction : chatbots IA et voix synthétiques

L’intelligence artificielle permet aux fraudeurs de s’adresser à leurs victimes de manière crédible. Les chatbots répondent sans faute aux questions dans toutes les langues. Les voix synthétiques et les avatars rendent les conversations si réalistes que les victimes ne se rendent souvent pas compte qu’elles parlent à un algorithme.

La façade : fausses plateformes et apparences digitales

Les fraudeurs créent des plateformes de trading complètes sur lesquelles les victimes « voient » leur argent fructifier. Ces tableaux de bord simulés affichent des rendements fictifs. Les sites Web et les fausses entreprises sont plus professionnels que jamais, avec des logos convaincants, des textes irréprochables et des numéros de licence copiés sur ceux de vraies entreprises.

« Tout ce qui transforme des ressources financières en produits 100 % digitaux (comme la cryptomonnaie) doit éveiller la méfiance », déclare Jef De Busser. « Mais cela se fait souvent par étapes. Conseil : Créez au préalable une deuxième adresse mail ou un deuxième compte. Si vous voyez une publicité ou si vous recevez un message privé vous incitant à rejoindre le énième finfluencer, utilisez cette adresse mail pour vous inscrire. Vérifiez votre boîte de réception après une semaine et vous verrez souvent comment ils essaient, souvent de manière insistante, de vous attirer dans leur entonnoir marketing par le biais de mails directs et de publipostages. C’est alors un mauvais présage… »

L’échelle : orientée données et internationale

Ce qui se faisait autrefois par mail se fait désormais à grande échelle. Grâce à la collecte de données et aux algorithmes, les fraudeurs peuvent personnaliser leur discours tout en touchant des milliers de personnes. Les frontières ne jouent pratiquement plus aucun rôle, ce qui rend la lutte contre la fraude de plus en plus difficile. La technologie évolue plus rapidement que la législation ou les règles des plateformes ne peuvent suivre. « Surveillez vos motivations. Êtes-vous incité à réagir rapidement, à verser de l’argent ou vous fait-on miroiter une belle promesse ? C’est rarement un hasard et ce n’est généralement pas un bon signe. Si cela semble trop beau pour être vrai, c’est probablement le cas », conclut Jef De Busser.


Source : L’Avenir

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